Moussa Ag Attaher: ‘Touaregs et amazighes partagent une aspiration légitime à la liberté’

  • Entretien avec le porte-parole du Mouvement National de Libération de l'Azawad (MNLA)

VilaWeb

Roman Bertran

27.04.2012 - 06:00

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Le porte-parole du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), Moussa Ag Attaher, qui a fait possible l’indépendance de l’Azawad le 6 avril, signale lors d’un entretien a VilaWeb que, ou bien le Mali reconnait officiellement l’indépendance, ou bien la violence s’aggravera. Les touaregs dénoncent, d’ailleurs, que le Mali n’a rien fait pour eux pendant cinquante deux ans, sauf les occuper militairement.

Au nord du Mali, 300.000 touaregs et maures ont abandonné leur territoire et ont pris la route de l’exile, échappant aux représailles de l’armée malienne. Les touaregs, qui appartiennent à la grande familie amazighe, on vécu en paix pendant des millénaires sur le territoire de l’Azawad, et cherchent l’indépendance vis-à-vis de l’état malien pour regagner leur liberté et dignité.

—Quelle est la situation actuelle?
Entre le 17 janvier et le 1r avril c’était la lutte pour la libération. À partir du 1r avril, tout le territoire était complètement libéré et l’armée d’occupation malienne s’est retirée pour se retrouver au sud, donc sur le territoire proprement malien. Les combats sont terminés. Nous nous réservons, cependant, le droit de réaction et de protection de notre territoire, en cas d’une éventuelle attaque de l’armée malienne.
Aujourd’hui la priorité du MNLA n’est pas de faire la guerre au Mali, mais de renforcer la sécurité de notre territoire, de renforcer la sécurité des personnes et leurs biens, d’engager la mise en place d’institutions de l’état de l’Azawad indépendant et, enfin, de relancer les grands chantiers du développement et de la reconstruction nationale, car notre territoire a besoin de tout, puisque pendant cinquante-deux ans l’état malien n’a rien fait sur ce territoire, sauf le militariser, l’occuper et opprimer les populations autochtones.

—Combien de personnes ont péri?
—Pour le moment nous n’avons pas de bilan des combats avec l’armée malienne, mais la particularité de la guerre que nous avons menée contre l’armée d’occupation malienne c’est que du 17 janvier au 1r avril il n’y a eu aucune victime civile à cause des opérations du MNLA. Pour la première fois, pas seulement au Mali mais aussi dans l’histoire de guerres en Afrique, voilà un mouvement qui a libéré par la force son territoire sans qu’aucune victime civile soit à déplorer.

—Mais le MNLA, qu’est-ce que c’est: un mouvement plutôt politique, ou plutôt militaire?
Au départ nous avons songé à un mouvement politique, pour soutenir d’une façon démocratique la revendication légitime du peuple de l’Azawad. Mais juste au moment où nous avons commencé a parler de libération et d’indépendance de notre pays, la réponse de l’état malien a été automatique: c’est l’envoi de véhicules de guerre, d’avions militaires, de chars, de blindés. Nous nous sommes décidés alors de former une structure militaire, en dépendance du bureau politique du MNLA, pour protéger nos populations et pour défendre notre territoire.

—Quel est le sort, maintenant, des 300.000 réfugiés?
Ils ont été obligés de se réfugier dans la Mauritanie, l’Algérie, le Niger, le Burkina Faso. Ils sont essentiellement des civiles touaregs, ou maghrébins, particulièrement visés par des attaques de l’armée et de la population maliennes. Ils ont tout abandonné pour prendre la route de l’exil. La cause de leur déplacement ce sont des représailles de l’armée malienne sur la population civile, chaque fois que elle subit une défaite militaire.
Une des missions assignées désormais au MNLA c’est d’organiser le plus rapidement possible le retour des populations réfugiées à l’Azawad. Pour cela il faut une organisation, pour cela il faut un certain nombre de moyens, puisque ces personnes ont tout abandonné pour se retrouver sur la route de l’exil. Le MNLA est en partenariat avec les organisations humanitaires, les ONG, les associations d’aide aux réfugiés, etc.

—Et qu’est-ce que peut se passer, si l’indépendance n’est pas reconnue?
Ou le Mali reconnait une indépendance qui est la volonté des populations de l’Azawad, ou alors on va assister à une recrudescence, tous les dix ans, ou tous les cinq ans, de la violence. D’ailleurs, la naissance de l’état de l’Azawad ne représente aucun danger, ni pour la communauté internationale, ni pour les états voisins. Au contraire, elle constitue aujourd’hui une solution pour un certain nombre de problèmes que l’état malien n’a jamais su gérer sur cette partie de l’Afrique.

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